Les Misérables est un roman historique français de Victor Hugo, publié pour la première fois en 1862, qui est considéré comme l'un des plus grands romans du XIXe siècle.

L'histoire d'injustice, d'héroïsme et d'amour de Victor Hugo suit le destin de Jean Valjean, un bagnard évadé déterminé à mettre son passé criminel derrière lui. Mais ses tentatives pour devenir un membre respecté de la communauté sont constamment menacées : par sa propre conscience, lorsque, à la suite d'une erreur d'identité, un autre homme est arrêté à sa place, et par les enquêtes incessantes de l'inspecteur Javert. Mais ce n'est pas seulement pour lui-même que Valjean doit rester libre, car il a juré de protéger la petite fille de Fantine, poussée à la prostitution par la pauvreté.

Résumé des Misérables

Première partie 

Le roman s’ouvre sur une longue évocation de l’évêque de Digne, Mgr Myriel, surnommé « Bienvenu » par le peuple, mani­festant ainsi la charité et la simplicité du saint homme s’étant fait un devoir de l’hospitalité, surtout en faveur des plus miséreux. Sa longue discussion avec le conventionnel G. et la bénédiction qu’il lui demande avant sa mort achèvent d’en tracer un portrait hau­tement symbolique au seuil du roman. Or, après avoir été chassé en tous lieux, c’est précisément chez l’évêque que Jean Valjean trouve refuge. On apprend alors qu’il vient de purger sa peine au bagne pour le vol d’un pain, accusation que le narrateur retourne comme « un crime de la société sur l’individu ». Après avoir hésité, Valjean décide toutefois de subtiliser les chandeliers et l'argenterie du bon évêque qui ment aux gendarmes l’ayant arrêté et le sauve ainsi d’un retour au bagne. C’est alors que se situe l’épisode de Petit-Gervais, point crucial où Jean Valjean se trouve au carrefour entre les routes du bien et du mal pour fina­lement choisir de réformer sa vie. Un troisième personnage prin­cipal apparaît ensuite : il s’agit de Fantine, jeune ouvrière can­dide qui va être le jouet de Tholomyès, étudiant beau parleur qui l’abandonne alors qu’elle est enceinte. Tombée dans la misère, elle confie sa fille Cosette au couple Thénardier, tenanciers cupides d’une gargote à Montfermeil, qui réduisent l’enfant au rang de servante. Fantine parvient alors à trouver du travail à Montreuil-sur-Mer, dans l’industrie prospère de Jean Valjean devenu le respectable M. Madeleine, porté aux nues par ses concitoyens qui le pressent d’accepter la mairie de leur ville.

Cependant, renvoyée à cause de rumeurs, Fantine s’enfonce dans la misère, se prostitue et se trouve condamnée par Javert, chef de la police de Montreuil ; sauvée par l’intervention de Madeleine, elle se retrouve libre mais l’affaire a aiguisé les soup­çons du policier sur l’identité réelle de celui-ci. Or, peu après, Javert présente ses excuses et sa démission à son maire, car Jean Valjean aurait été retrouvé, se cachant sous l’identité usurpée de Champmathieu. Le vrai Jean Valjean traverse alors une crise de conscience radicale : se livrer au tribunal d’Arras et sauver ainsi un innocent, mais aussi détruire ce qu’il a édifié, ou bien se taire et faire perdurer sa propre prospérité en même temps que celle de Montreuil. Il décide pourtant de faire le voyage d’Arras et se dévoile en plein tribunal alors que Champmathieu venait d’y être formellement identifié. Au retour à Montreuil, il assiste à la mort de Fantine alors que Javert vient l’arrêter, mais parvient toutefois à s’évader et à fuir pour Paris.

Deuxième partie 

Elle commence sur l’immense digression de Waterloo dans laquelle le narrateur se fait historien puis philo­sophe de l’Histoire, affirmant l’idée que Dieu a perdu Napoléon tout en assurant paradoxalement la poursuite du processus révo­lutionnaire après sa chute. Jean Valjean a été repris, il est au bagne ; cependant, lors de l’accident d’un ouvrier affecté à la réparation du navire Orion, il le sauve et tombe lui-même à l’eau : on ne retrouve pas son corps. Il reparaît lors de Noël 1823 à Montfermeil, où il est revenu afin de déterrer le trésor qu’il y avait jadis enfoui et rechercher Cosette, comme il l’avait promis à Fantine. C’est là que résident toujours les Thénardier, maltraitant tout autant leur fils Gavroche que Cosette, à laquelle on ordonne d’aller puiser de l’eau en pleine nuit. Fascinée un instant par une poupée dans une vitrine, elle part dans la lugubre forêt et remplit son seau qu’une main puissante l’aide soudain à soulever ; c’est Valjean, qui la raccompagne, lui offre la sublime poupée pour finir par la racheter aux Thénardier et l’emmener à Paris où ils goûtent dans la masure Gorbeau un bonheur simple et authen­tique, avant d’être à nouveau repérés par Javert et contraints à la fuite. Poursuivis dans Paris, leur seule ressource consiste à escala­der une muraille pour se retrouver dans un cloître. Par chance, ils retrouvent Fauchelevent, à qui Valjean-Madeleine avait jadis sauvé la vie et qu’il avait placé en ce couvent ; celui-là décide de le faire passer pour son frère.

C’est l’occasion pour Hugo d’affirmer un point de vue ambi­valent à l’égard du monachisme, à la fois principe d’égalité mais aussi d’écrasement de l’individu. Toutefois, pour être admis dans le couvent, Valjean doit d’abord y être présenté, c’est-à-dire en sortir. L’occasion s’en présente lorsque mère Crucifixion décède : bravant la loi, la mère supérieure entend en effet l’enterrer dans le chœur et non au cimetière. Mis dans la confidence, Fauchele- vent accepte et Valjean prend place dans le cercueil vide, à l’insu de tous. Après un imbroglio qui manque de lui coûter la vie, il est officiellement reçu au couvent en tant qu’aide-jardinier et y coule plusieurs années heureuses en compagnie de Cosette.

Troisième partie

Intitulée « Marius », cette partie présente ce jeune répu­blicain, résolument opposé à son grand-père Gillenormand, qui apprend que son père a été sauvé (en fait dépouillé !) par Thénar- dier à Waterloo. Il en conçoit une absolue admiration pour Napo­léon qu’il déclame dans des discours enflammés aux réunions de I’abc, groupe de jeunes gens acquis aux idées nouvelles. Sa vie misérable en fait bientôt un voisin de la famille Jondrette, pseudo­nyme emprunté par Thénardier pour mener discrètement ses activi­tés clandestines au sein de l’organisation criminelle de Patron- Minette. Si Marius a reconnu le « sauveur » de son père, Thénar­dier lui-même a retrouvé la piste de Jean Valjean qu’il veut faire chanter ; il lui tend alors un piège surpris par Marius qui, tombé amoureux de Cosette aperçue au Luxembourg, entend déjouer son entreprise en faisant appel à... Javert ! Jean Valjean parvient cepen­dant une fois encore à s’échapper à la fin de cette partie. Marius retrouve toutefois sa trace grâce à Éponime, la fille des Thénardier, et l’idylle de la rue Plumet entre le jeune homme et Cosette débute sur fond de troubles révolutionnaires. Alors que Gavroche, logeant avec ses frères dans une gigantesque statue d’éléphant, sauve son père et ses compagnons d’évasion, ceux-ci projettent de cambrioler la maison de Valjean, mais en sont in extremis empêchés par Épo- nime. Éclate alors l’insurrection de 1832 à laquelle participent les amis de I’abc et Gavroche qui reconnaît Javert et le fait prisonnier. Marius se joint lui aussi à la barricade qui cède peu à peu ; le sublime touche au paroxysme lorsque Éponime s’interpose devant le fusil qui allait tuer Marius, meurt en lui avouant son amour et en lui recommandant son frère Gavroche.

Quant à Valjean, ayant découvert une lettre de Cosette à Marius, il part pour la barricade et rencontre en chemin Gavro­che qui lui donne la réponse de Marius à Cosette, lui annonçant qu’il est parti se faire tuer. La dernière partie s’ouvre sur l’arrivée de Valjean à la barricade. Selon un saisissant contrepoint, Cosette flâne parmi la nature en fleurs du Luxembourg alors que la mort frappe Gavroche puis les derniers résistants, dont le chef charismatique, Enjolras. Jean Valjean libère Javert en lui don­nant son adresse, puis porte sur son dos Marius évanoui et s’é­chappe par les égouts. Il parvient à éviter les soldats mais aboutit à une porte grillée derrière laquelle se tient Thénardier ; celui-ci la lui ouvre en échange d’argent alors qu’il sait que Javert attend au-dessus. Mais le policier s’acquitte de sa dette et laisse filer Valjean avant de se suicider. Ramené chez son grand-père effon­dré, Marius revient à lui. Rétabli, il décide d’épouser Cosette, et Jean Valjean lui avoue alors ses origines, dévoile son passé crimi­nel sans pourtant évoquer Montreuil ni l’épisode des égouts, puis cesse peu à peu de rendre visite aux jeunes mariés. Toutefois, Marius apprend finalement de Thénardier l’ensemble de la vie de Valjean-Madeleine, et les deux époux assistent à la mort du héros en odeur de sainteté.

Analyse des Misérables

► La fracture essentielle.

Les Misérables, dont la composition s’étale sur plusieurs décennies, se présente avant tout comme une masse imposante, véritable traversée des genres qui en font un roman total : à la fois épopée, conte, roman noir, roman d’aventures, mélodrame, légende, roman social et poétique, il interroge donc simultané­ment la société, l’esthétique, la morale et la métaphysique. Mais c’est sans doute dans la fracture de Waterloo qu’il s’origine ; l’His­toire, en effet, s’y montre comme une force inintelligible, dépas­sant les hommes qu’elle écrase et annonçant une fin de l’épopée qui fait succéder les Thénardiers aux Napoléons. En ce sens, le « merde » de Cambronne devient l’unique sublime encore auto­risé, introduisant brutalement une autre époque (rappelons que Valjean sort du bagne précisément en 1815), celle d’une histoire éclatée en événements fourmillants (voir « 1817 ») instaurant le règne de l’indifférencié. Ainsi peut-on établir le parallèle entre la convulsion historique et le déchirement intérieur de « Tempête sous un crâne ». Afin de résoudre cette fracture, la position idéologique du narrateur conjoint des idéaux socialistes et la concep- lion théocratique d’une Histoire menée obscurément par la Provi­dence, affirmant dès lors un progrès possible.

► Représenter le misérable.

Le problème principal qui se pose au narrateur réside dans le lieu d’énonciation de son récit : en effet, il serait illégitime de pré­senter le misérable de l’extérieur, c’est-à-dire du point de vue de la société. C’est pourquoi le roman n’est pas réaliste, car il prend le parti du vrai contre le vraisemblable, puisqu’il s’agit de représenter ceux qui son radicalement en marge : « C’est invraisemblable. Hélas, c’est vrai. » Or, cette recherche du vrai implique une vision qui oscille sans cesse en deçà et au-delà des représentations sta­bles d’une compassion paternaliste ; c’est en cela qu’on peut com­prendre les nombreuses digressions qui cassent la droite ligne des représentations habituelles, selon un mouvement pendulaire entre diastole et systole.

De même, le misérable est tout à la fois réel, incarné et symbo­lique : Hugo le fait véritablement entrer en littérature en lui don­nant la parole, allant jusqu’à analyser sa langue propre, l’argot, dans une réflexion d’ordre sociolinguistique. Ainsi, la fameuse question sociale prend la forme d’un parcours, le narrateur mon­trant comment on devient misérable à travers un processus qui entraîne fatalement d’une misère à l’autre selon un enchaînement dont la société est responsable. Marginal, le misérable est cet être à l’identité labile (voir la biographie lacunaire et les divers noms d’emprunts de Valjean) qui s’enfonce souvent dans une neutralité informe qui le prive de l’être, tout en lui permettant ainsi de devenir la figure même de la misère, toujours identique : « Cet homme, c’était l’Homme », dit-on de Champmathieu, affirmant par là le rapprochement avec la figure christique (ecce homo) qui tire le roman vers le religieux. C’est que la faim du corps est aussi faim de l’âme et que, pour Hugo, l’altérité ne peut trouver de réponse que dans l’infini.

► L’appel au lecteur.

La littérature n’est donc plus ici seulement une fiction, mais bien un mode d’interrogation dans lequel le récit constitue l’assise du discours. Dès lors, la concentration dramatique des événements et le ton mélodramatique sont orientés vers un but idéologique et font des Misérables un roman non seulement philosophique mais également militant, entendant faire prendre conscience au lecteur que cela existe. Hugo appelle ainsi, par une stratégie de la pitié fondée sur une représentation exactement réglée, à une action du lecteur sur le monde après la lecture de son roman, dont il fait un espace de méditation et de médiation. Texte puissant qui dit à la fois que la misère se situe à l'horizon de l’humanité et qu’il est urgent d’inventer une nouvelle communauté qui l’intègre.

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