Quatre-vingt-dix ans après l'émergence de la physique quantique, ses principes restent toujours aussi énigmatiques pour beaucoup. Cependant, si l'on perçoit l'importance de la découverte des neuropeptides, la compréhension du quantum est alors proche. Cette découverte est capitale car elle démontre que le corps est assez fluide pour s'harmoniser avec l'esprit. Grâce à des molécules messagères, des événements paraissant totalement étrangers l'un à l'autre - une pensée et une réaction physique par exemple - deviennent cohérents. Le neuropeptide n'est pas une pensée mais il évolue avec elle, jouant le rôle de point de transformation. Le quantum agit de même, si ce n'est que le corps en question est alors l'Univers ou la nature dans son ensemble.

Il est nécessaire d'étudier le quantum pour comprendre réellement comment l'esprit fonctionne autour du point pivot d'une molécule. Un neuropeptide naît au contact d'une pensée, mais d'où surgit-il ? La peur et l'agent neurochimique qui la matérialise sont d'une certaine manière mis en relation par un processus caché, qui donne lieu à la transformation de la non-matière en matière.

La même chose se produit partout dans la nature, à la seule différence que nous ne lui donnons pas le nom de pensée. Lorsqu'on se place au niveau de l'atome, on n'évolue pas dans un monde d'objets solides qui se déplacent tels des danseurs dans un ballet bien orchestré. Les particules subatomiques sont séparées par des vides immenses, qui font de l'atome un espace vide à 99,999 %. C'est vrai pour les atomes d'hydrogène dans l'air, pour les atomes de carbone dans le bois dont sont faites les tables, de même que pour les atomes« solides »de nos cellules. Ainsi, tout solide, y compris le corps humain, est, toutes proportions gardées, aussi vide que l'espace intergalactique.

Comment se peut-il que d'aussi vastes étendues de vide, parsemées de loin en loin d'atomes de matière, se transforment en corps humains ? Il est nécessaire, pour répondre à cette question, d'adopter une perspective quantique. En comprenant la notion de quantum, nous entrons dans une réalité plus vaste, qui s'étend des quarks aux galaxies. Dans le même temps, le comportement de la réalité quantique se révèle tout à fait familier car une ligne des plus ténues sépare le corps humain du corps cosmique. […]

A quoi pourrait ressembler le niveau quantique qui se trouve en nous ? Il serait simplement l'extension de quelque chose qui nous est maintenant très familier, le neuropeptide. Le grand avantage de celui-ci est de pouvoir réagir à la vitesse de l'éclair aux injonctions de l'esprit. Il y parvient, je pense, parce qu'il se trouve à la frontière de la zone quantique. La science a déjà découvert qu'il existe des centaines de neuropeptides, fabriqués dans l'organisme tout entier. Il suffit désormais de découvrir que chacune de nos cellules est à même de fabriquer toutes ces substances. Si cela est démontré, on pourra dire que tout le corps est un « corps pensant », la création et l'expression de l'intelligence.

On doit se garder de supposer que les pensées se transforment une par une en substances chimiques messagères. On sait parfaitement que dans bien des cas, les milliards de bits d'ADN de nos divers organes agissent comme une seule grande molécule d'ADN, comme dans le cas du développement incroyablement complexe du foetus, dans le ventre de sa mère - du premier jour au neuvième mois, tout l'ADN du bébé qui va naître agit comme une seule molécule. C'est vrai également pour nous aujourd'hui.

Peut-être les événements quantiques ne surviennent-ils pas uniquement « à l'extérieur » dans l'espace mais également « à l'intérieur ». Possédons-nous des « trous noirs » dans lesquels la matière et l'énergie disparaissent à jamais ? Oui - et nous appelons cela l'oubli. Pouvons-nous accélérer ou ralentir le temps, comme le fait le cosmonaute en augmentant la vitesse de sa fusée pour approcher celle de la lumière ? Oui encore, car un écrivain peut imaginer en un instant une histoire qui lui prendra des heures à coucher sur le papier ; à l'inverse, vous pouvez passer une demi-heure à essayer de vous rappeler le nom d'une personne, qui vous reviendra instantanément lorsque vous aurez trouvé la zone intemporelle, appelée mémoire, d'où doit venir l'information.

Chaque fois qu'un événement mental a besoin d'une contrepartie physique, il passe par la mécanique quantique du corps. C'est la clé qui explique comment les deux univers de l'esprit et de la matière s'associent sans commettre d'erreurs. Bien qu'apparemment très différents, l'esprit et le corps sont tous deux imprégnés par l'intelligence. La science se montre sceptique lorsqu'on affirme que l'intelligence joue un rôle dans la nature. (Historiquement parlant, c'est une bien étrange anomalie, car toutes les générations qui nous ont précédés ont accepté sans problème l'idée d'un ordre universel.) Cependant, s'il n'y a rien en dehors de la bande réalité pour lier les choses et les événements, on est alors confronté à un réseau d'impossibilités.

Deepak Chopra, Le corps quantique, Dunod, Paris 2003, p-p 111-113.

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