1 - L’épreuve orale des concours des écoles d'ingénieurs

L’épreuve orale de Lettres-Philosophie n'est pas commune à tous les concours d'entrée aux écoles d’ingénieurs.

Ces oraux possèdent des formes très variées selon les écoles qui les pratiquent. Il peut s’agir de  l’analyse-commentaire d’un texte portant sur le programme de l’année, ou hors programme, suivi alors d’une discussion avec le jury. Il peut aussi s’agir d’un entretien à partir d’un texte ou du thème au programme.

Le temps de passage ainsi que le temps de préparation peuvent varier dune école à l’autre, mais ils sont en général tous deux de 30 minutes.

2 - l’épreuve d’analyse-commentaire

a. Qu’est-ce que l’analyse-commentaire ?

L’épreuve d’analyse-commentaire est double. Il s’agit, le plus souvent en 20 minutes, d’analyser d’abord la structure argumentative du texte proposé en exposant dans leur ordre d’apparition les idées contenues dans le texte, puis de discuter de manière construite et argumentée la thèse contenue dans le texte.

b . L’analyse

Il s’agit d’accomplir une synthèse de l’argumentation développée par le texte. À la différence de l’exercice du résumé, il ne faut pas se mettre à la place de l’auteur. Il convient, en restant extérieur au texte, d’ exposer l’enchaînement des idées défendues par l’auteur en insistant sur les procédés qui soutiennent sa démarche argumentative. Dans ce but, il faut porter toute son attention au plan du texte et è ses articulations logiques pour faire ressortir la structure argumentative. Il convient de percevoir le texte comme un cheminement logique vers un but, une thèse. Dans cette optique, il faut refaire le chemin parcouru par l’auteur et en montrer les différentes étapes argumentatives.

Remarque : Si le but de ce cheminement logique semble artificiel ou confus, c’est que certains jalons de l’argumentation n’ont pas été aperçus.

Pour une plus grande clarté, l’analyse doit se conformer à un plan raisonné. Il convient d’annoncer en introduction le thème abordé par le texte puis la thèse exposée par l’auteur. Cette première étape est essentielle à la vérification de la compréhension littérale du texte par le candidat. Il ne faut donc pas la négliger. Ensuite, il convient de suivre le plan logique du texte en exposant les différents arguments qui permettent à l’auteur d’aboutir à l’affirmation de sa thèse.

En tant qu’exercice de synthèse, aucun commentaire personnel ou ajout illustratif ne sont ici permis. Le candidat doit simplement se mettre au service du texte, sans le luger.

c. Le commentaire

Le commentaire n’a rien à voir avec l’exercice d’explication de texte pratiqué dans le secondaire. Il ne s’agit pas de paraphraser le contenu du texte, ni d’en montrer les mécanismes formels. Il convient au contraire de questionner la thèse défendue par l’auteur. Le nom « commentaire » est en effet trompeur :  il s’agit en fait de construire un débat, une discussion à partir de la thèse exposée par le texte. Tout comme l’exercice oral d’analyse empruntait l’exigence de synthèse à l’épreuve écrite du résumé, l’exercice oral du commentaire emprunte le mécanisme dialectique à l’épreuve écrite de la dissertation.

En introduction, il faut rappeler l’aboutissement du cheminement argumentatif contenu dans le texte. Il convient ensuite de trouver une dynamique argumentative en mettant en question, en remettant en cause cette thèse. L’introduction du commentaire doit en effet laisser une grande place à la formulation d’une problématique claire et précise : qu’est-ce qui, dans l’argumentation exposée par l’auteur paraît le plus contestable ?  Il faut enfin annoncer un plan, en deux ou trois parties, qui permette de confronter la pluralité des points de vue.

Le plan lui-même doit comporter obligatoirement une partie qui reprenne la thèse de l’auteur. Il s’agit alors d’expliquer celle-ci de manière personnelle et de montrer la pertinence de l’approche privilégiée par l’auteur. Il convient ici de soutenir les propos du texte par des arguments et des exemples personnels. L’épreuve de commentaire est en effet un exercice d’argumentation où la finesse logique et la culture personnelle sont privilégiées. Au sein d’une partie antithétique, il s’agit ensuite de montrer les limites de l’approche de l’auteur sur le sujet abordé. Il ne suffit pas de dire que l’on n’est pas d’accord. Il faut argumenter de manière intelligente, en convoquant des lectures personnelles (littéraires ou philosophiques), des exemples tirés de l’Histoire ou de l’actualité. Une troisième partie synthétique est enfin la bienvenue si elle permet de dépasser l’opposition exposée. Il  faut alors, comme dans la dissertation, essayer de remettre en question la manière dont le problème a été exposé, de mettre en cause les présupposés sur lesquels est construite la problématique. Il s’agit ici d’exposer son point de vue le plus personnel, le plus original et le plus construit, en convoquant à nouveau des exemples précis.

La conclusion, courte, doit reprendre rapidement le cheminement argumentatif parcouru et montrer l’originalité et la pertinence de la thèse défendue par le candidat.

3. L’entretien

L’entretien est une épreuve ouverte, moins scolaire que celle de l’analyse-commentaire. Il peut revêtir différentes formes, en prenant pour support un texte sur programme ou hors programme. Le texte n’est ici qu’un prétexte à discussion. Dans ce sens, l’entretien s’apparente à l’exercice de commentaire exposé précédemment.

Il faut rapidement présenter le texte dans l’ introduction, en résumant succinctement sa thèse et ses arguments. Il convient ensuite de proposer une problématique qui mette en discussion la thèse du texte, ou du moins son argument le plus contestable. Le plan, ouvert et moins formel que dans l’exercice de commentaire, doit permettre l’expose d’un point de  vue personnel sur le problème soulevé, li s’agit alors d’argumenter de la manière la plus solide possible en convoquant une culture et des exemples originaux. La conclusion doit être l’occasion pour le candidat d’affirmer une prise de position nette et tranchée.

La parole, Dunod, 2012