L'épreuve d'admissibilité du CRPE dure quatre heures et elle comporte trois parties : la production d'une réponse à une question sur un ou plusieurs textes; des questions sur la connaissance de la langue et une analyse d'un dossier de supports d'enseignement du français. Nous traitons ici de la méthodologie de la première partie, généralement intitulée : questions relatives aux textes proposés. Vous trouverez ci-dessous la démarche à suivre pour réussir cette partie de l'épreuve.   

A. La lecture d’un corpus

 La lecture du corpus se fait méthodiquement. 

Etape 1 : Faire les premiers repérages et lire la question.

C’est une étape de repérage. Elle vous permet de prendre connaissance du nombre de textes, de leur organisation visuelle (présentent-ils des mises en page particulière ?), de leur longueur…

Elle est suivie de la lecture de la question, première approche de la problématique du corpus. Cette question portant sur l’ensemble des documents du groupement, elle est destinée à orienter vos lectures et à déterminer l’objet commun à ces textes. 

Etape 2 : Définir la composition du groupement 

Pour identifier les documents du corpus, il vous faut les classer selon des catégories simples et cohérentes.

  • La période de temps sur laquelle se déploient les textes retenus
  • L’origine des textes
  • Les genres, registres, forme de discours représentés (s'il y a lieu, c'est à dire si vous estimez que cela a un rapport étroit avec la question posée).
  • Les types d’images éventuellement en cas de document iconographique. 

Etape 3 : Considérer l’ordre de présentation des documents 

Vous ne devez pas en effet étudier les textes séparément mais en réseaux, chacun éclairant l’autre, l’enrichissant et apportant sa contribution à la mise au clair de la problématique. 

Etape 4 : Lire, analyser les documents du corpus

  • Il faut tout d'abord faire la mise en place du texte, c'est-à dire que l'on va "coder" chaque idée importante. Par exemple le 1er texte sera appelé "A" et la première idée défendue par l'auteur sera codée "1", donc A1. Parallèlement dans la marge faites une accolade pour délimiter cette première idée.
  • Sur une feuille à part reformulez cette idée en peu de mot L'objectif est de rendre cette reformulation directement insérable dans votre développement d'analyse: on peut imaginer un début comme "l'auteur dit que ...", à vous de synthétiser ensuite sa pensée.
  • Lire chaque texte attentivement en notant sur une feuille à part vos reformulations précédées du code de position dans le corpus (A1 - A2 e Puis B1 - B2 etc. C1 - C2 etc.)
  • Après avoir lu le texte que nous appellerons A il faudra être extrêmement attentif dans le texte suivant (B, puis ainsi de suite...) pour repérer une idée déjà présentée dans le premier texte et noter la référence précise à côté celle que l'on vient de lire dans un autre texte de façon à voir très rapidement les points communs entre les différentes opinions défendues par les auteurs.
  • A la fin de la lecture, stylo en main, nous avons sur le brouillon ce que l'on pourrait appeler le "squelette" des  textes  comportant  la  suite  des  idées  importantes  reformulées  et  une numérotation précise notant les points de convergence.
  • Quelques remarques:
    • La reformulation  doit  être  forcément  synthétique,  donc  plus  brève  que  le  texte original.
    • S'il vous est impossible de reformuler sans trahir la pensée de l'auteur utilisez la citation en sachant qu'il faudra être très vigilant à ce que votre devoir ne devienne pas un recueil de citations. C'est pour cette raison que deux ou trois suffisent amplement. L'un des objectifs de cette épreuve est lié à votre compréhension des textes donc une bonne reformulation synthétique prouve cela.
    • Lorsque l'auteur d'un texte donne un exemple à la suite d'une opinion avancée, ne perdez pas de temps à en faire un résumé donnez-lui plutôt un titre ("tel auteur cite d'ailleurs tel exemple à l'appui de son affirmation"). N'oublions tout de même pas que les correcteurs ont déjà lu, eux-aussi, les textes. 

B. L’organisation de l’analyse : la construction du plan

L’analyse de textes doit être organisée en deux ou trois parties qui mettent en valeur les aspects importants des textes au regard de la question posée qui est, rappelons-le, la problématique du devoir.

A l’intérieur de chaque partie doivent apparaître, si possible, plusieurs sous-parties en lien avec l’idée générale de la partie.

La contrainte du plan est fondamentale. Vous êtes donc dans l'obligation d'organiser votre réflexion autour de deux ou trois idées fortes que vous avez repérées dans les textes et qui répondent à la problématique du devoir, c'est à dire la question posée.

Il est conseillé de regrouper les arguments des auteurs selon des thèmes, ce qui ne correspond pas toujours à l'ordre des textes. Une fois les arguments dégagés, vous pouvez faire dialoguer les auteurs sur l'argument principal, l'idée forte.

Pour inventer votre plan, commencez par bien relire la question et cette fois, à la lumière des textes vous verrez que le libellé de la question cache souvent une organisation recommandée par les concepteurs. Attention cela ne veut pas dire que vous DEVEZ suivre ce plan subodoré car il est toujours possible d'imaginer autre chose, mais, à mon humble avis, choisissez la facilité car l'expérience prouve que vous manquez de temps et chaque fois qu'on peut en gagner sans hypothéquer ses chances il n'est pas utile ou sage de faire preuve d'originalité.

 C. L’introduction.

Une fois votre plan construit, profitez-en pour rédiger l’introduction de votre devoir. Ainsi, pas de risque d’introduction bâclée par manque de temps !L'introduction de votre analyse doit être constituée de préférence des étapes suivantes :

Thème: identifier le thème dont il est question. Il s'agit de comprendre de quoi parlent exactement les auteurs. Une phrase générale pose le sujet. 

Présentation des textes du corpus : en priorité il faut donner les éléments bibliographiques dont vous disposez, vous pouvez regrouper les textes par genre (extrait de roman, poème, article de presse etc.) ou en fonction des auteurs (deux didacticiens, un linguiste, un pédagogue, etc. Mais attention alors à ne pas commettre d'erreur !), par époque ou date de parution. Certains conseillent une phrase résumant chaque texte, c'est parfait si c'est bien réalisé et surtout si vous ne perdez pas de temps, mais, ici encore, si le correcteur n'est pas d'accord avec vous ou qu'il estime qu'il y a contresens ( la faute la plus grave ) vous perdez, dès l'introduction, toutes vos chances ! 

Annonce de la problématique: il s'agit de la difficulté centrale soulevée par le texte. Elle vous est donnée par la question posée ! Reformulez-là avec vos mots pour montrer que vous vous l’êtes bien appropriée, mais si vous "bloquez" n'hésitez pas à recopier la question: évidemment c'est beaucoup moins bien, mais cela est préférable à un devoir incomplet.

Plan de l'analyse: votre introduction se termine par l'énoncé du plan. 

D. L’écriture du devoir 

1- Les éléments de réponse 

A partir du "cadre vide" que constitue votre plan, il va falloir repartir les idées des auteurs en établissant des corrélations c'est à dire en reliant les différents avis comme si l'on assistait à un débat entre eux, sans intervention personnelle.

Le plus simple c'est de noter, au brouillon, si on suit la méthode préconisée au début, les n° ou références de chaque idée importante reformulée. Pour vous faciliter la tâche vous pouvez commencer par celles qui sont communes à plusieurs auteurs puis vous positionnez les autres en fonction de la problématique interne de votre partie. N'oubliez pas que si l'un des auteurs n'évoque pas tel ou tel aspect on peut également mentionner ce fait, ce qui permet de "retrouver tout le monde" dans chaque partie (attention quand même à ne pas en abuser). 

Donc à la fin de ce travail de mise en place des n° des idées (correspondant à chacune de vos reformulations) vous rédigez au brouillon votre conclusion pour éviter d'avoir à concevoir cette dernière en toute hâte et terminer votre devoir par une ou deux phrases incorrectes. 

Quelques phrases courtes rappellent alors en conclusion l'enjeu de la question et les différents éléments de réponse que les auteurs ont apporté. Attention il faut absolument revenir sur les textes du corpus ou du moins le dire de façon explicite car il ne faudrait pas que le correcteur pense à une prise de position personnelle. 

2- Présentation de la réponse 

« La production de la réponse » doit être « construite et rédigée » Pour cela, il importe :

  • De suivre le plan qui assure un lien étroit entre les différentes idées présentes dans les texte La réponse ne doit être ni un catalogue de faits, ni une réflexion abstraite mais le reflet d'une circulation de parole entre les différents auteurs autour de la question centrale posée par le sujet.
  • D’utiliser avec  pertinence  les  outils  offerts   par   la   langue   et   le vocabulaire : « L'épreuve vise à évaluer la maîtrise de la langue française des candidats (correction syntaxique, morphologique et lexicale, niveau de langue et clarté d'expression) ainsi que leurs connaissances sur la langue ;[…]». De reformuler fidèlement les opinions défendues pour justifier les arguments présentés. 

3- Le soin apporté à la formulation

Évidemment les tournures  doivent être grammaticalement correctes et l’orthographe doit être soignée. « 5 points permettent d'évaluer la correction syntaxique et la qualité écrite de la production du candidat.»

Aucune abréviation ne doit apparaître. Les chiffres ou nombres, en dehors des dates, doivent être écrits en toutes lettres. Attention à ne pas désigner un texte par son ordre dans le corpus (texte 3) ; il faut associer à chaque idée son auteur en le nommant mais attention aux répétitions ! Vous avez le droit, à mon avis une fois seulement dans le devoir, d'écrire "le premier texte" ou "le dernier texte" mais rien de plus. La rédaction doit mettre en valeur les grandes idées présentes dans les textes à travers votre analyse. Elle doit donc être claire et organisée. Pour cela il faut utiliser les connecteurs logiques, sauter des lignes entre les parties et aller à la ligne, en retrait, à chaque sous partie. Afin de soigner la cohérence, faites des transitions entre vos parties. Les citations doivent être correctement intégrées dans les phrases.

 ⇨     On vous demande, au minimum, d ’écrire  correctement; ce qui signifie que vous êtes  censé maîtriser les points suivants qui constituent un programme établi à partir d'une  évaluation statistique des fautes les plus courantes

a) Attention à l’écriture :

quelques conseils de bon sens doivent être rappelés et peuvent être rapidement suivi Votre écriture devra être lisible: en effet, il faut faire des efforts pour

justement ne pas demander un trop grand effort au lecteur…qui vous  corrige ! Evitez les fantaisies de toutes sortes car l’apparence extérieure de votre devoir est déjà, en soi, une partie du message que ce devoir essaie de transmettre : démarquez-vous par la maîtrise de l’exercice

et non par des barres sur les « t » artistiquement calligraphiées. Vérifiez que tous les mots soient lisibles. Commencez par fuir les encres exotiques (jaune paille, turquoise des îles, vert pomme, et surtout le rouge - comment voulez-vous qu'on vous corrige ?). Méfiez-vous aussi des effaceurs qui non seulement effacent l'encre normale, mais parfois aussi absorbent le mot écrit au verso,

voire l'encre de rectification fournie avec l'effaceur. Transformer votre copie en bas-relief de plâtre grâce au correcteur blanc n'est pas toujours, non plus, une excellente idée (une simple biffure à la règle est souvent plus élégante). Nombre de correcteurs souffrent de myopie. Ce n'est pas une raison pour choisir une écriture de débutant du type trois mots par ligne, mais de grâce,

assurez-vous qu'on parvient à faire la différence entre vos n et vos u, entre vos r, vos e et vos a, ce que les écritures rondelettes, hideuses mais à la mode compromettent gravement.

b) Attention à la  ponctuation !

Bien sûr, vous  savez déjà que le point clôt la phrase franchement et que les virgules sont des respirations particulièrement utiles entre les membres d’une énumération. Cependant utilisez-vous assez de points-virgules qui notent une pause moyenne qui distinguent deux éléments joints par le sens ? Quant aux deux points, ils vous permettent d’alléger une explication en faisant l’économie d’un mot subordonnant. Enfin n’oubliez pas l’existence des tirets (sorte de parenthèses) et des traits d’union qui sont obligatoires en cas d’inversion du sujet dans des phrases du  type :  « Existe-t-il  des raisons d’espérer ?… ».

c) L’orthographe reste un critère essentiel dans l’évaluation de la copie

C'est un élément discriminant permettant de distinguer une copie d’une autre le jour de l’épreuve. Les cinq points attribués, ou pas, à l'issue de la lecture de la totalité de la copie ne sont rien en comparaison de la minoration systématique de votre note en analyse s'il y a trop de fautes d'orthographe. Pour éviter cela relisez soigneusement votre texte au fur et à mesure que vous l'écrivez, c'est à dire qu'on relit l'introduction dès qu'elle est écrite au propre au tout début, puis on s'arrête, à la fin de la rédaction de la première partie, pour la relire, puis à la fin de la seconde ... Cette stratégie vous permet, en cas d'urgence, de limiter les dégâts et s'il reste des fautes vers la fin du devoir, le correcteur pensera au manque de temps et sera plus indulgent que s'il pense que vous êtes mauvais en orthographe alors que c'est une matière que vous aurez à enseigner. 

4- L’organisation en paragraphes : 

Comme tout texte rédigé, il est nécessaire d’organiser sa pensée en paragraphes. Organiser (faut-il le rappeler ?) suppose une logique : Il ne s’agit ni d’énumération, ni de collage d’informations. Utilisez par conséquent des connecteurs logiques (alors, ensuite, enfin, puis, mais, tout d’abord….)

Enfin, pensez à varier les formulations.

La règle d'or : la clarté !

Pour chaque partie, vous devez commencer par une phrase d'introduction :

Elle consiste selon les cas soit à donner l'idée directrice de votre développement, soit à marquer une ou des convergences entre certains auteurs.

Ensuite vient le développement de la partie.

Il faudra, par exemple, préciser la spécificité de chacun même si sur l'ensemble vous avez montré leur accord. Puis enchaînez sur une idée liée ou opposée à la première pour livrer l'avis d'un autre auteur mais de façon à rester dans le même thème de cette première partie tout en variant les points de vue. Procédez de la même façon pour chaque grande partie.

Le passage à la deuxième puis à la troisième partie (s'il y a lieu) se matérialise par un saut de ligne. Entre l’introduction et la conclusion, pensez aussi à sauter une ou deux lignes.

La transition :

si vous en avez le temps, sachez qu'entre deux parties on peut trouver un court paragraphe synthétisant ce que l’analyse a permis de comprendre des textes au regard de la question posée. Ce très court paragraphe va aussi annoncer la suite, permettant de mettre les textes en perspective. Mais attention au temps, vous pouvez avantageusement remplacer cela par un début de partie (suivante) qui établit la relation avec ce qui précède. 

5- La relecture finale:

 Nous avons déjà évoqué ce problème qui doit être réglé dès le début de la rédaction du devoir mais il est toujours bénéfique de relire une dernière fois sa copie avant de la rendre.