1. le rôle et la nature de l'introduction

L’introduction introduit. Elle peut être longue ou brève, mais sa nature reste la même. L’introduction doit comporter quatre moments, qui peuvent constituer autant de paragraphes: 

  • une phrase amène « naturellement » le sujet. On évitera les débuts du type: « de tous temps les hommes, etc. ». La seule question que les hommes se posent depuis toujours est celle de savoir s’ils vont manger demain. ..La philosophie est un luxe....
  • Analyse du sujet  
  • préciser la problématique du devoir, c’est-à-dire les difficultés, les enjeux, le « pourquoi » de la question posée, ce qu’éventuellement la question « cache » ou « ne dit pas » (ses présupposés), et qui sera pourtant le « ressort » de votre réflexion (Derrière la question du préjugé, il y a par exemple la question du doute... Derrière la question de la tolérance, il y a surtout celle de ses limites, l’intolérable… Derrière la question de la culture, il y a le problème de l’appartenance, etc.).
  • Enfin, vous annoncez le plan que suivra le devoir (ce qui est indispensable). Ces étapes de l’introduction ne sont justifiables  qu’à condition de reprendre l’étude des notions et la problématique, qui n’ont été qu’amorcées dans l’introduction, dans la première partie du devoir.

2. Forme du développement

Vous êtes libres de concevoir votre devoir comme vous l’entendez, à cinq conditions:



a. Le devoir doit avoir au moins deux parties, et au plus trois parties. Mais rien n’exige qu’il y en ait trois; il peut très bien n’y en avoir que deux...

b. Il faut sauter au moins une ligne entre les parties (de même qu’entre l’introduction et le développement, et entre le développement et la conclusion).

c. Chaque partie doit être composée de plusieurs paragraphes, au moins deux, signalés par un passage à la ligne.

d. Chaque partie doit avoir une cohérence, une certaine unité, et vous devez mettre en valeur cette unité, soit au début de votre partie, par une mini-introduction, soit à la fin, par une mini-conclusion. Il est hors de question de juxtaposer des paragraphes sans rapport.

e. Il faut ménager des transitions entre les parties. Il est hors de question de juxtaposer des parties sans rapport.

Si vous respectez ces règles, vous pouvez même faire votre dissertation sous forme d’un dialogue imaginaire.

3. Contenu du développement

Puisque vous pouvez ne faire que deux parties, vous n’êtes absolument pas invités à pratiquer le plan « thèse-antithèse-synthèse ». Certes, ce plan, adopté par bien d’autres disciplines, a un prestige et une origine philosophiques. Au moyen âge, le Maître proposait les arguments pour (PRO), puis les arguments contraires ou objections (CONTRA), avant de déterminer sa position personnelle et de répondre définitivement aux objections (DETERMINATIO). Au XlXe siècle, Hegel interprétait le mouvement même de l’histoire, accordé par principe à celui de la pensée vraie, comme la position d’une réalité, la négation de cette position, et le dépassement de cette négation. C’est l’origine historique du plan synthétique, ses « lettres de noblesse » philosophique...

Mais encore une fois, vous faites ce que vous voulez. D’ailleurs, si vous consacrez une partie à l’analyse du sujet et à sa problématisation (ce qui est raisonnable...), vous ne pouvez guère adopter un plan synthétique. De plus, celui-ci paraît parfois (très) difficile à mettre en oeuvre. Bien souvent, il est artificiel. Mieux vaut sans doute suivre le cours naturel de votre réflexion, en construisant progressivement votre réponse, pas à pas, sans passer par ce que Hegel appelait « le chemin de croix du négatif », c’est-à-dire la négation de ce que vous venez de dire pour rebondir sur une thèse encore plus intelligente. Toutefois, il faut souligner que nier ce que l’on pense d’abord, spontanément, essayer de montrer la pertinence et la force de la position contraire à la votre, est un excellent moyen pour trouver des idées nouvelles, ou des arguments plus convaincants. N’oubliez jamais de le faire « au brouillon ». Comme le disait Platon, « la pensée est un dialogue de l’âme avec elle-même », où nous devons être bien souvent nos plus féroces « objecteurs ». Si, comme le disait Alain, « penser, c’est dire non », c’est d’abord et avant tout dire non à ce que l’on pensait immédiatement, de prime abord, au premier moment, c’est-à-dire précisément avant d’y avoir pensé...

4. Le rôle et la nature de la conclusion

La conclusion conclut. Elle résume le devoir, pour ne retenir de celui-ci que l’essentiel. Elle montre que l’on a bien vu le problème, ses difficultés et ses enjeux; elle rappelle quelles ont été les lignes directrices qui ont été suivies par le devoir. Elle met en valeur la solution à laquelle la réflexion est parvenue. Cette solution peut être en l’espèce nuancée, articulée, « fine », mais elle doit en tout état de cause être « ferme ». Il est intéressant de terminer l’épreuve par une « formule marquante », selon les vieilles ficelles de la rhétorique ancienne qui voulait que la fin d’un discours soit précisément le moment le plus séducteur, le sommet (l’acmé) d’une prise de parole. Il est enfin possible, mais maladroit, d’ « ouvrir » le sujet. C’est faire remarquer à l’examinateur que le « sujet » qu’il a éventuellement choisi n’était pas très bon...

Dernières remarques: On souligne les mots étrangers et les titres d’oeuvres. Le sens français des parenthèses est le suivant: on ne lit pas à l’oral ce qui a été mis à l’écrit entre parenthèses. Rien d’important ne doit donc être mis entre parenthèses, et surtout pas ce qui permettrait de clarifier votre propos.. Nous n’êtes pas notés sur l’orthographe, parce qu’on la considère acquise...

En conclusion, puisque l’on vous pose une question, il faut essayer d’y répondre de la manière la plus pertinente possible. 

 

Pour aller plus loin: