On appelle figures de style (pour l'écrit) ou figures de rhétorique (pour l'oral), les procédés par lesquels l'auteur cherche à attirer l'attention du lecteur en s'écartant de l'usage commun de la langue.

 

1. Les figures d'analogie

 

La comparaison et la métaphore :elles rapprochent deux champs lexicaux en mettant en évidence un élément qui leur est commun.

EX : La nuit noire était doublée de gel, comme le satin blanc sous un habit de soirée. J. Gracq, Liberté grande, 1947

La personnification donne à une chose, à un animal ou à une idée abstraite le comportement d'une personne. S'adresser à un être inanimé est un élément de personnification.

Ex. : Que ta puissance, ô Mort, est grande et admirable !

Ronsard, Hymnes, 1555.

L'allégorie est un récit ou une personnification symbo­lique d'une idée abstraite. Cette personnification s'ap­puie sur plusieurs attributs symboliques.

Ex. : Dans La Liberté guidant le peuple, Delacroix pré­sente la Liberté sous la forme allégorique d'une femme (la liberté est du genre féminin) portant un bonnet phry­gien (symbole des esclaves affranchis, donc libérés), et le sein nu (elle nourrit le peuple comme une mère).

 

2. Les figures d'insistance

 

L'hyperbole est une exagération.

Ex. : Celui de qui la tête au ciel était voisine

Et dont les pieds touchaient à l'Empire des morts.

La Fontaine, Le Chêne et le Roseau, 1668.

L'accumulation multiplie les mots ou groupes de mots de nature et de fonc­tion semblables.

Ex. : Ce n'est pas seulement par plaisanterie que Paris a été nommé un enfer. Tenez ce mot pour vrai. Là tout fume, tout brûle, tout brille, tout bouillonne, tout flambe, tout s'évapore, s'éteint, se rallume, étincelle, pétille et se consume.

Balzac, La Fille aux yeux d'or, 1833.

La gradation fait se succéder plusieurs termes d'intensité croissante (grada­tion ascendante) ou décroissante (gradation descendante). Ex. : Je me meurs, je suis mort, je suis enterré.

Molière, L'Avare, 1668.

L'anaphore répète un même mot ou groupe de mots au début de plusieurs vers ou de plusieurs phrases.

Ex. : Avec un ciel si bas qu'un canal s'est perdu, Avec un ciel si bas qu'il fait l'humilité.

J. Brel, Le Plat pays, 1962.

La prétérition insiste sur un sujet en annonçant que l'on n'en parlera pas. Ex. : Je pourrais vous faire remarquer qu'elle connaissait si bien la beauté des ouvrages de l'esprit [...] mais pourquoi m'étendre [...]?

Bossuet, Oraison funèbre de la duchesse d'Orléans, 1670.

 

3. Les figures d’opposition

 

L'antithèse met en rapport deux termes opposés dans une même phrase. Ex. : Sa face riait, sa pensée non.

V. Hugo, L'Homme qui rit, 1869.

L'oxymore (masculin) allie par la syntaxe deux termes incompatibles par le sens.

Ex. : Cette obscure clarté qui tombe des étoiles.

Corneille, Le Cid, 1637.

Le parallélisme reprend une même construction pour souligner une similitude ou une opposition.

Ex. : Rodrigue, qui l'eût cru ? / Chimène, qui l'eût dit ?

Corneille, Le Cid, 1637.

Le chiasme (croisement) est un parallélisme inversé. Un couple d'éléments correspondant à un autre couple d'éléments apparaît en sens inverse. Le chiasme permet soit de souligner une opposition, soit de souligner un paral­lélisme.

Ex. : Ma commère la Carpe : y faisait mille tours

Avec le Brochet son compère

La Fontaine, Le Héron, 1678.

 

4. Les figures de substitution 

 

La métonymie remplace un mot par un autre qui entretient avec lui un lien logique : le contenant pour le contenu (boire un verre) ; le lieu pour ce qui s'y fait (boire un bordeaux) ; l'instrument pour l'utilisateur (un jeune tambour); le symbole pour celui ou ceux qu'il représente (une victoire des tricolores).

La synecdoque remplace un mot par un autre qui entretient avec lui un lien d'inclusion : la partie pour le tout (j'ai besoin de bras forts) ; la matière pour la chose (des cuivres) ; le genre pour l'espèce (l'animal pour le lion) ; le singulier pour le pluriel (l'ennemi).

L'euphémisme remplace un mot par une tournure qui en atténue le sens désa­gréable.

Ex. : Marguerite Yourcenar nous a quittés en 1987 (pour : est décédée).

La litote consiste à dire moins que ce que l'on pense pour laisser entendre beaucoup plus que ce que l'on dit. Elle utilise souvent la forme négative.

Ex. : Tiens, ce n'est pas bête ! pour : C'est très astucieux !

L'antiphrase consiste à dire le contraire de ce que l'on pense, généralement par ironie.

Ex. : Ah, ça c'est malin ! pour : C'est complètement idiot !

La périphrase remplace un mot par un groupe de mots. Elle permet d'éviter les répétitions.

Ex. : La Ville lumière = Paris; l'astre du jour= le soleil.