Le roman, à l’origine, fut « héroïque » ; de là, peut-être, le glissement de sens opéré par le mot « héros»: le héros d’un roman, comme d’une pièce de théâtre, puis d’un film, c’est le personnage principal, celui par qui existe l’intrigue, celui qui est au cœur du « nœud » que tranchera le dénouement. Le « héros » pour autant, est-il toujours « héroïque » ? La réponse est facile, a priori : c’est non. Chaque lecteur a dans la tête des personnages romanesques dont le comportement est bien peu héroïque, plutôt médiocre, banal, plus proche du nôtre aussi peut-être... Mais que préférons- nous vivre quand nous lisons un roman ? À quel personnage souhaitons-nous, le cas échéant, nous identifier ? Plus simplement, qu’est-ce qui nous pousse à ouvrir ces livres classés, parfois un peu vite, dans la catégorie « roman » ? Souvent, c’est vrai, nous y cherchons des personnages attachants — un personnage principal que nous suivrons dans un épisode, plus ou moins long, de sa vie imaginaire, réelle ou rêvée. Attendons-nous de lui qu’il soit un vrai « héros » ? C’est ce que nous verrons d’abord. Mais est-ce toujours notre seule attente ? Ne souhaitons-nous pas parfois des personnages plus proches de nous, plus « humains » ? Le personnage, enfin, est-il notre seule préoccupation ? Pourquoi y aurait-il toujours un personnage d’ailleurs ?