Le mot adolescent est tiré du latin adolescere qui signifie pousser, grandir. Il marque le passage du corps d’enfant à celui d’adulte. Cette période de croissance intervient plus tôt chez les filles que chez les garçons. Cette période commence habituellement entre 10 et 12 ans ans et dure jusqu'au début de la vingtaine.

Caractéristiques physiques de l'adolescence

Lors de cette période, l’anatomie se modifie, les centimètres s’accumulent et changent l’allure générale. À l’occasion de la première boum, les adolescents déambulent ou sautillent, mi-adultes, mi-enfants, mélangeant les comportements infantiles et les codes des adultes : un verre et une cigarette à la main, on se bouscule, on se donne des coups d’épaule en parlant fort ! Même si ce nouveau corps dérange, les filles et les garçons passent de longues heures devant le miroir. Et pour cause : l’objectif du moment est de s’approprier cette silhouette en pleine métamorphose. C’est bien parce que leur corps leur échappe que les jeunes filles et les jeunes hommes le détaillent si souvent. Du côté des garçons, le corps change plus tardivement, la croissance s’accélère entre 13 et 16 ans. Les petites joues rebondies qui faisaient le charme enfantin de certains se mettent à fondre. Le visage se transforme. Les bras s’allongent. Le nez prend du caractère !

Claudia, 14 ans :

« Je suis gênée à la piscine. Je vois bien que les garçons regardent les filles. Je ne sais pas faire comme les autres filles qui ont l’air de draguer et rient fort. Moi, je n’aime pas sentir qu’ils m’observent, alors je me cache. »

Vivre avec les changements physiques

Le corps de l’enfant disparaît et laisse place à celui de l’adulte. Cette mutation s’opère dans l’incertitude. À quoi va-t-on ressembler ? Les seins, véritables symboles de féminité, prennent forme.

Les questions sont légion : Mes seins vont-ils être gros ou petits ? Mon pénis est-il trop petit ? Mes érections sont-elles normales, trop nombreuses ? La pilosité fait ses premières apparitions, associées à une augmentation de la transpiration. Les filles se ruent sur les déodorants pour masquer les odeurs et toutes les traces de féminité qui se dégagent d’elles. Chez les garçons, ces transformations interviennent plus tard, vers 12 ans. Les testicules augmentent de volume. Le pénis grossit et s’allonge. La voix mue. Dans un second temps, la pilosité apparaît sur le visage, un petit duvet assombrit la lèvre supérieure. Ces changements perturbent les adolescents. Ils deviennent plus pudiques. Les sentiments à l’égard de ce nouveau corps sont ambigus. Les adolescents qui gardent honteusement leurs interrogations (« Suis-je normal ? ») risquent alors de souffrir et d’en retirer quelques complexes.

Paul, 65 ans :

« J’ai un souvenir précis de mon corps d’adolescent. Un jour, à la plage, je regardais une fille passer. Elle me plaisait. J’ai senti que mon corps réagissait. Gêné, je me suis retourné précipitamment sur le ventre, j’ai attendu que ça passe ! »

L'adolescent et le regard des autres

La question du regard de l’autre sur soi est particulièrement prégnante pendant l’adolescence. L’allure, l’apparence préoccupent quotidiennement collégiens et lycéens. L’inquiétude ressentie à se demander quelle image on dégage peut devenir gênante : « Je ne veux pas que l’on me voie comme ci ou comme ça. » Conséquence directe de cette inquiétude, l’engouement pour certains vêtements est souvent disproportionné : « T’es trop belle avec ça, tu l’as acheté où ? » Le souci de l’apparence se traduit par l’attrait pour les marques. Les adolescents sont une cible idéale pour les grandes enseignes vestimentaires. Porter un vêtement de marque, c’est en effet se fondre dans le groupe, s’intégrer. La norme devient alors rassurante : « Tout le monde s’habille comme ça ! » C’est une façon de se faire confirmer que l’on peut être aimé. Mais ne s’agit-il pas ici d’être aimé pour ce que l’on paraît, et non pour ce que l’on est ? Faut-il déjà y voir la première marque d’un manque de confiance en soi ?

Clémence, 13 ans :

« J’aimerais que ma mère accepte de m’acheter un sac à dos de marque. Parce que la bande de filles avec qui je suis en a un, et elles se moquent de moi parce que j’ai le même depuis le primaire. Je sais bien que c’est un peu bête, mais j’aimerais vraiment arriver un matin avec un nouveau sac ! »

L'adolescent et le jeu de la séduction

Les émotions en tout genre se bousculent à l’adolescence. C’est la construction identitaire. À l’adolescence, on cherche à se plaire, et c’est dans le regard de l’autre que l’on trouve la réponse. La bande de copains permet de se rassurer. Les relations affectives vécues en harmonie apportent une vision positive de soi. On apprend les enjeux de l’amitié, de l’entraide. Alors, bien sûr, vient le temps des premières amours. Elles revêtent une importance initiatique forte, en premier lieu parce que le corps d’adulte offre la possibilité d’aller vers une relation amoureuse et sexuelle. Même si l’âge moyen du premier rapport sexuel a lieu vers 17 ans, les relations entre les filles et les garçons s’intensifient beaucoup plus tôt : le plaisir de séduire, les sentiments et les émois se bousculent.

Ce premier amour est attendu, espéré et rêvé. Mais s’exposer, c’est aussi accepter le regard d’autrui et, parfois, les remarques sont difficiles à entendre et provoquent des blessures durables.

Romuald, 17 ans :

« Au collège, on se faisait passer des petits mots ou on demandait à une copine de poser la question à la fille avec laquelle on voulait sortir. Mais maintenant, au lycée, il faut se débrouiller. J’avoue que ce n’est pas facile. Je n’arrive pas à aborder une fille, j’ai peur qu’elle me dise non. »

L'adolescence ou la métaphore du homard !

Comme le homard en période de mue, l’adolescent qui grandit voit son corps changer, sa carapace s’en aller.

Comme le homard, l’adolescent se sent alors tout nu, vulnérable.

Comme le homard, l’adolescent va lui aussi, petit à petit, se forger une nouvelle carapace et quitter le monde de l’enfance pour rejoindre celui des adultes.

On doit cette jolie métaphore explicite à Françoise Dolto qui, avec son complexe du homard 1, a mis des mots sur les maux des adolescents. Il est alors facile de comprendre que l’adolescent est un adulte en devenir, que toute remarque blessante, toute attitude choquante, va avoir sur lui des répercussions. Sensible, à fleur de peau, il est susceptible de se sentir mis en difficulté, car peu sûr de lui. La confiance qu’il a en lui est chahutée.

L’adolescent que nous avons tous été a donc dû reprendre ses marques, et son entourage a joué, à ses côtés, un rôle primordial.